Trèfle Lozerien 2015

Le Trèfle Lozérien 2015 commence pour moi en janvier. De peur de ne pas avoir de place à la loterie internet, je m'inscris à la Grappe de Cyrano qui aura lieu aussi en mai deux semaines plus tôt. Puis vient le fameux samedi soir, le 7 février à 23h où soit disant 300 places sont mises à disposition et partent en 5 minutes... Mon fils aîné, qui est né dans un ordi me dégote le fameux sésame à la limite des 300 places. Je vois sur Facebook que Philippe Posocco avec qui j'avais fait le Trèfle 2012 a obtenu sa place grâce au Père de Nicolas Patry qui était le troisème du trio... Heureux possesseur de deux Sherco 4 temps, une 300 et une 250, je privilégie la dernière afin de me rendre la tâche plus facile...
Trois mois pour préparer ces deux grandes classiques. Je me concentre surtout sur le physique histoire de finir les deux courses, mon seul objectif. Je coure, je coure et quand je peux je coure encore. Je fais quelques petites sorties enduro, souvent seul et dans mon secteur désespérément plat.
La Grappe de Cyrano arrive avec le 8 mai. Je suis pas trop mal physiquement, il fait beau et j'enfile facilement les deux journées de 200 kms, sur un parcours magnifique fait majoritairement de singles en sous bois. Il a plu toute la semaine et les chemins empierrés sont glissants comme la plupart des spéciales. Je rentre de la Grappe en étant mitigé sur mon choix de moto. La 250, c'est plus facile à basse vitesse, mais faut tout le temps taper dedans dès que ça grimpe et j'ai pas l'expérience suffisante.... L'autre mauvaise idée c'était de partir avec des bimousses neufs, une réhausse de pontet jamais utilisée, des protections supplémentaires...Le comportement de la moto complétement changé.... Retour de la grappe, reprise du boulot, il reste 12 jours pour préparer le trèfle lozérien. Pas le temps de changer de moto. suite à quelques soucis de dernière minute, j'ai cannibalisé la 300 pour faire rouler la 250...

Le trèfle 2015, c'est 660 kms sur trois jours incluant 15 spéciales... Je pars avec le numéro 512 sur 560 pilotes.

Je veux ici souligner la qualité de l'organisation sur deux ou trois points très plaisants : pas d'attente aux contrôles, pas de caution pour les transpondeurs (merci pour la confiance), un parc fermé tracé et numéroté, un petit café et des fruits au départ, que des nanas sympas à tous les CH, des fraises tagadas aux CP.... Oui, tout cela est possible.

La première journée est annoncée comme charnue : 240 kms dans les gorges du Tarn.... Départ 10:07. De charnue, on passera à corsée, puis à costaude, puis à exigeante, compliquée, physique, épuisante, puis à redoutable... Très peu de bitume, des passages vraiment costaud, rien d'insurmontable, mais, franchement, j'ai repoussé plusieurs fois les limites. Mon obsession, c'est tenir et m'économiser, rouler au niveau de mes pompes car ce serait dommage de ne pas faire les trois journées vu l'investissement. Vient alors la troisième spéciale de ce premier jour, une ligne interminable dans les rochers, les bois, avec des murs à franchir à répétition, ça passe, ça passe, ça passe encore, mais je suis dans le rouge. J'ai l'impression d'être dans la spéciale depuis trente minutes, j'attends l'arrivée... Je débouche dans une clairière. Quatre pilotes attendent au bas d'une grimpette, défoncée, trois machines en travers au premier tiers de la côte. Deux des pilotes qui attendent sortent de la spéciale. Epuisé, je prends leur roue... (voilà pourquoi je ne suis pas dans le général, il me manque une spéciale)....mon pote Philippe aura moins de chance, il chutera à plusieurs reprises jusqu'à ce que ses mains ne soient plus en mesure de tenir un guidon... Abandon le premier jour. On est aussi déçu que lui. Le film du Trèfle, on se le passe tant de fois dans la tête entre janvier et mai.... Cette première journée se termine par la spéciale de la Vabre qui clôture chaque jour. Il s'agit d'une banderolée en prairie avec devers et ornières sur les hauts de Mende... Je pose le sac à dos et m'élance pour le dernier effort de la journée et ça se passe plutôt bien... Méo fera juste deux minutes de moins que moi

La deuxième journée ce sera 220 kms dans le Gévaudan et les contreforts de l'Aubrac, agrémentés de cinq spéciales. Un premier CH à la même sauce que la veille. On a encore tapé dans les réserves. Il est midi, on est à mi-parcours, je suis sur low batteries. Heureusement, les liaisons en bitume entre chaque secteur technique sont assez longues ce jour et me permettent de me refaire la cerise... La spéciale en ligne est longue mais facile et plaisante. La spéciale cross est inintéressante. Je sais que l'après midi sera plus cool, moins physique. On rejoint Mende une heure plus tôt que la veille. Drôle de sentiment, le compteur marque déjà 460 kms, c'est 15% de plus qu'une Grappe ! Les hommes et les machines sont mises à rude épreuve.

Départ inversé le troisième jour... les gros numéros en premier. Il est juste 7:45... C'est tôt pour s'élancer sur une moto de course dans des sentiers caillouteux par 5°C... Mais aujourd'hui c'est la Margeride, un paysage que j'affectionne particulièrement. 5 spéciales et 200 kms au programme. Dès les premiers mètres sur la première spéciale, j'ai la banane. La sensation incroyable d'emprunter des spéciales fraîches, pas défoncées, avec un grip incroyable... Mes temps très modestes des jours précédents deviennent modestes : 50 places de mieux sur ces boulevards du troisième jour ! L'autre sentiment du troisième jour, c'est le plaisir de rouler avec la satisfaction de l'objectif atteint, les deux derniers CH, c'est du grand bonheur. Certes assez roulant, mais j'ai mon compte.... Trois mois de préparation, un budget conséquent, trois jours d'efforts intenses, deux classiques en trois semaines, je vais pouvoir rentrer entier, en bonne santé et la moto en bon état.

La 250 a été précieuse dans les spéciales grâce à sa maniabilité. Mais plus exigeante en liaison, notamment dans le technique. Un peu juste aussi pour mon poids, notamment dans les grimpettes. Un petit souci de boîte ne m'a pas facilité la tâche. Mais bonne machine tout de même en témoigne le nombre impressionnant de Sherco présentes sur ces deux classiques ! Grâce à cette moto, je suis rentré dans la foulée le dimanche soir, empilant 650 kms en camionnette, et assez frais le lundi.

Une nouvelle expérience pour moi que cet enchaînement. Si mon témoignage peut vous donner envie de faire ces classiques, j'en serai ravi.

il est clair que c'est un sacré CR je crois que rien ne manque